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Une journée des anciens, pour quoi faire ?

 

Le 21 octobre 2017 se tiendra notre Assemblée Générale, qui nous permettra de fêter nos 130 ans.

L'occasion de remettre en valeur ce texte publié dans notre revue Elan liaison Saint Jo spécial 125 ans.

Le Père Bernard Van Impe, ancien aumônier de Saint Jo, aujourd'hui disparu, y donnait sa vision de la journée des anciens.

 

Une journée des Anciens est toujours un moment de bonheur. On ne passe pas plusieurs années dans une maison (que ce soit comme élève, professeur, ou aumônier) sans y laisser une partie de son cœur : bonheur de retrouver les lieux, bonheur de retrouver les personnes et de renouer des amitiés. Et pourquoi ne pas l'avouer, bonheur de retrouver la jeunesse qui fut la nôtre, avec de multiples clins d'œil au potache qui sommeille en nous... C'est encore plus vrai pour ceux qui ont connu Saint Joseph au temps où il conduisait les jeunes jusqu'en terminale… Bref, des moments de chaleur et d'émotion !

Cette journée comporte fatalement une interrogation : entre l'enfant qui a vécu ici et l'adulte d'aujourd'hui, quel a été l'apport de l'école ? C'est alors que surgissent ou resurgissent des visages de personnes qui nous ont marqués et façonnés. C'est là le secret de chacun. Mais comment par exemple ne pas évoquer tel ou tel professeur poussant la conscience professionnelle et la passion de son métier jusqu'à prendre ses élèves, futurs bacheliers (ceux qui le désiraient et ils étaient le plus grand nombre) après les cours ou la messe du dimanche, pour combler des lacunes, ou parfaire un enseignement dans le souci d'aller plus loin… Et qui dira l'influence dans notre éveil à la foi ou dans son approfondissement ?… Et qui dira le rôle qu'ils ont joué dans notre éducation?

Et alors qu'avaient-elles de si extraordinaires, ces personnes ? D'abord sans doute une vie unifiée en ce sens qu'ils faisaient ce qu'ils étaient et qu'ils étaient ce qu'ils faisaient ; c'étaient des gens habités par des convictions qui les faisaient vivre et qu'ils brûlaient de partager avec les jeunes à eux confiés… Au cours des réunions d'Anciens, on évoque joyeusement leurs travers ou leurs côtés pittoresques, mais c'est souvent pour masquer par une espèce de pudeur ce qu'il y a d'irremplaçable dans ce qu'ils nous ont proposé et aussi, parfois, le sentiment que nous avons maintenant d'être passé à côté de richesses que nous n'avons pas su voir : leur sens du devoir s'appuyant sur leur sens de l'invisible… ce qui les faisait vivre, être ce qu'ils étaient, ce qui nous a tellement marqués…

Cette journée nous amène aussi à nous retrouver face à nous-mêmes aujourd'hui. Nous ne sommes pas des tirelires à anecdotes annuellement ouvertes sur le passé ! En réalité cette journée nous tend un miroir : qui sommes-nous aujourd'hui ? Le souvenir de nos maîtres nous appelle à un double devoir :

 

- un devoir de fidélité d'abord : ce qu'ils ont semé a grandi et il nous appartient d'en vivre : non pas de vivre dans la nostalgie d'hier mais de vivre aujourd'hui dans la fidélité aux appels d'aujourd'hui. Eux sont nos racines, mais nous sommes les vivants d'aujourd'hui et notre vie est unique et originale parce qu'elle est la nôtre.

 

C'est à nous d'être fidèles, non pas à eux mais à nous-mêmes, à notre projet de vie découvert grâce à eux.

 

- un devoir de témoignage ensuite et nous savons tous combien ce témoignage est difficile dans un monde en changement permanent et en accélération croissante. Témoignons de ce qui est éternel : nous ne ferons jamais le poids si nous voulons nous accrocher à des choses secondaires ou dépassées. Mais, au milieu de jeunes qui sont à la recherche de l'essentiel sans se l'avouer souvent, en respectant leurs choix, n'ayons pas peur de témoigner de ce qui nous fait vivre, en étant nous-mêmes des gens habités, même si notre témoignage est dérangeant.

 

On le sent alors, cette journée est une ouverture à la prière pour l'action de grâce (nous avons reçu, nous avons donné), pour une insertion toujours plus forte dans notre monde familial et ecclésial en tant que membres vivants, par notre capacité d'être missionnaires dans la conscience aiguë de nos racines et la passion de témoigner aujourd'hui de ce que nous sommes.

 

Nous avons parfois la tentation d'évoquer le passé avec nostalgie en parlant du bon vieux temps ou de penser à l'avenir avec angoisse ! Quel que soit notre âge, c'est le moment de nous dire et de nous redire en toute sérénité qu'entre le passé où sont nos souvenirs et peut-être nos regrets et l'avenir où sont nos espérances et parfois nos angoisses, il y a le présent où sont nos devoirs.

 

 

Père Bernard Van Impe

 

 


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Commentaires: 1
  • #1

    Jean-Marie (lundi, 04 septembre 2017 20:05)

    Merci pour tout pére Bernard. Jean-Marie.