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Le mot du grand-Père... à propos de notre Chapelle

 

À propos de notre Chapelle...

Le 22 avril 1950 les élèves et de nombreux anciens accompagnaient la dépouille mortelle de Monsieur Decorde, ramenée du cimetière Saint Gabriel  pour être inhumée dans la chapelle du collège construite par ses soins .

Cette cérémonie demande des explications. Monsieur Decorde (Frère Albertis de Jésus) a passé la quasi-totalité de sa vie à Saint-Joseph, d’abord professeur, chef de division, sous directeur, et enfin directeur de 1904 à sa mort en 1940.

Pendant longtemps, la Chapelle du collège était une immense salle aménagée en lieu de culte occupant tout le premier étage de l’aile droite, incommode et Monsieur Decorde souhaitait un lieu de culte qui soit un vrai sanctuaire. L’augmentation rapide du nombre des internes après la guerre 14/18 nécessitait d’envisager une refonte des locaux et la meilleure raison pour construire une vraie chapelle, vœu secret  de son directeur. Il ne fallait pas envisager de fonds de la part des Supérieurs, les  Frères des Ecoles Chrétiennes. Aussi Monsieur Decorde commença par sonder les milieux qui pourraient lui fournir des subsides, essentiellement les Anciens Elèves. Le 2ème problème était celui de l’architecte, qu’il trouva rapidement  auprès d’un ancien élève Pierre Auvray. En étroite collaboration avec M Decorde, celui-ci était tenu par les impératifs de tout programme, à savoir: la superficie et la configuration du terrain, la réalisation  d’une Chapelle avec en sous sol, une salle des fêtes et bien entendu l’enveloppe serrée du financement, le tout permettant l’accueil de 600 élèves.

Pour les plans, il ne pouvait être envisageable d’harmoniser avec les façades des bâtiments anciens  mais il existait un passage entre eux et Pierre Auvray pour une meilleure intégration proposa  de réaliser façades et  clocher en pierre , exprimant  une volonté de verticalité.

En janvier 1934, Monsieur Decorde affirmant avoir les fonds nécessaires reçoit l’accord de ses supérieurs pour la construction de la Chapelle. Aussitôt Monsieur Célestin, professeur, responsable de la discipline et caissier de l’établissement, donne le signal des travaux au niveau du parc d’agrément, lieu de repos pour les professeurs. Pendant des semaines des élèves et  professeurs passeront l’essentiel de leurs récréations à abattre haies, buissons, arbres du terrain, où sera construit l’édifice.

Le 18 mars a lieu la pose de la première pierre  autour de la foule des élèves, bénie par le Vicaire Général Monseigneur Adam, ancien élève.

Rapidement les murs s’élèvent. L’aspect technique nous sera donné lors d’une causerie avec Pierre Auvray. «Pour les voûtes en béton armé, le coffrage a pu être évité grâce à un échafaudage de forme appropriée, en charpente assemblée et montée sur  galets et rails. Cet appareillage était déplacé facilement et servait de guide pour les arcs de la voûte: ossature de fers à béton quadrillés recouverte de métal déployé. Le ciment était projeté    au dessus de cet ensemble et après séchage, à l’intérieur de la voûte lui assurant un système solidaire et homogène .

Ce procédé a permis une réalisation rapide et d’autant plus économique, que les deux versants du toit ont pu être mis en place sans aucune ferme de bois, les pannes étant scellées sur des pignons en brique creuse. Pour les mêmes raisons d’ économie, le plancher en béton armé de la chapelle  a été réalisé en éléments préfabriqués, sans coffrage. Les murs intérieurs, voûtes y comprises, ont été enduits intérieurement d’un mélange de chaux légèrement ocrée et de sable suivant le procédé dit «à l’ arraché», un bouclier de bois est appliqué sur l’enduit frais puis retiré. Les particules «arrachées» donnent un crépi particulier qui rompt la monotonie des parements. Enfin la menuiserie des baies latérales, ainsi que la rose ouest ont été exécutées en ciment vibré dans des moules spécialement établis d’après les dessins originaux ».

Les travaux ont été réalisés extrêmement rapidement, la première messe étant célébrée le 5  octobre 1934. C’est le dimanche 28  octobre 1934 qu’eut lieu  la bénédiction solennelle de la nouvelle chapelle   par Monseigneur Picaud  évêque de Bayeux et Lisieux  en présence de plus de 1500 personnes .

Dans les décennies suivantes, l’ édifice vieillit, admiré pour son modernisme ( art déco ?). Les évènements de la guerre vont frapper  la Chapelle suite à l’explosion d’un dépôt de dynamite dans le parc de la gare Saint-Martin, de l’autre côté de la rue : plus de vitres , ses arcades sont ébranlées de même que sa rosace, le clocher reçoit trois obus. Les dégâts seront provisoirement réparés.

En 1951, ordination sacerdotale rarissime dans une Chapelle, celle du père Jacques  Dussaigne, des Missions Etrangères, ancien élève. Celle-ci  sera suivie en 1955 d’une 2ème ordination du Père Michel Brohier, Eudiste et ancien élève.

En 1955   sous la présidence de Mg Adam , vicaire général et ancien élève , baptême de « Marie-Anne » cloche de la chapelle . On installe dans la chapelle le grand Christ en bois sculpté qui dominait l’autel au fond du sanctuaire . 

En 1984 ,au cours d’ une messe  où la chapelle était comble pour célébrer les 50 ans de la chapelle , le Père Raymond Masot , aumônier puis supérieur de l’ institution de 1956 à 1968 prononça l’ homélie dont on retient ces  extraits : «….  Me permettez vous , Cher Monsieur Auvray d’aller au delà de votre bien modeste réponse  disant que pour vous cette chapelle n’a pas trop mal vieilli , elle a traversé sans mal 2 générations . Il n’ y a pas d’église ancienne , il n’ y a pas d’ église moderne. Il n’y a que des églises réussies ou  non , signifiantes ou non  et… la vôtre est une réussite . Car cette voûte audacieuse  et réalisée par vous il y a 50 années avec des moyens révolutionnaires pour l’ époque , grâce à une technique  très en pointe  à ce moment , est particulièrement signifiante . En cette chapelle , en cette voùte , j’ai toujours vu le signe de deux mains humaines qui se rejoignent en haut de chaque travée pour la prière … non pas les mains d’un seul homme , mais les mains de ces milliers d’élèves qui semblent s’entrelacer pour une prière , non pas personnelle , voire égoïste , mais pour une prière communautaire et ecclésiale vécue dans la foi.

SIGNUM FIDEI , témoignage de foi...

En ce cinquantième anniversaire, c’est un impérieux souhait que nous proclame notre chapelle. Oui, par ces voûtes unies comme des mains jointes, elle nous redit que nos écoles catholiques ,en vivant profondément de l’Évangile, doivent garder comme souci premier d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus, le Christ ressuscité, de transmettre la foi ecclésiale, afin de donner à tous les Jeunes un sens à leur vie qui ne peut se réaliser que par un accueil vibrant et généreux de la Personne de Jésus le Christ . 

 

Jean Lambertz

Président de l'Amicale entre 1978 et 2015

 

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