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Une parenthèse sur la Via Podiensis

Le chemin de Saint-Jacques du Puy-en- Velay

Septembre

Après un premier tronçon relativement court entre Le Puy-en-Velay et Conques effectué au printemps, nous repartons sur le chemin avec l’ambition que notre corps nous supporte depuis Conques jusqu’ à Aire-sur-l’Adour, soit 446 kms. Notre première expérience nous avait laissés tristes de devoir quitter les autres pèlerins à Conques. Nous nous étions donc promis de revenir partager cette expérience unique de marcher de concert vers le tombeau du Saint, rencontrant des personnes uniques l’espace d’un moment ou plusieurs heures ou encore le temps d’un repas le soir à l’étape. Accueillis aussi par des hôtes ou des hospitaliers formidables pour la plupart, n’hésitant pas à donner le meilleur d’eux-mêmes le soir et au départ le lendemain matin.

Ah ! J’ai omis de préciser que « nous » c’est Lili et Marc, 67 et 68 ans, retraités donc presque libres. 

Jour 1 : Conques - Livinhac

Au départ de la cuvette de Conques, au moment de franchir le pont romain situé au bas du village, nous ne sommes pas fiers car il pleut depuis le début de la nuit et c’est vêtus de nos ponchos que nous escaladons la pente jusqu’ à la chapelle Ste Foy où, selon la tradition nous faisons tinter la cloche censée guider les pèlerins perdus. Sans perdre de temps, nous reprenons le GR65 où nous marchons plusieurs heures dans le vent, le brouillard et la forte pluie d’orage qui nous conduira à Livinhac-le-Haut, terme de notre étape. Le chemin, difficile au départ, se révèle de plus en plus agréable ; mais la chaleur nous pèse sur les jambes. Lili se fait mal au trapèze droit (sac mal chargé) et Marc a une grosse ampoule. Dur, dur ! Normal, mais les jambes répondent mieux que l’an dernier. Nous cheminons sur beaucoup de lauzes très glissantes, d’autant que la saison très sèche fait tomber les feuilles. Nous sommes seuls. Nous pique-niquons sur les hauteurs de Decazeville après plusieurs montées. Se succèdent alors descentes et montées très raides avant d’atteindre enfin l’étape, réconfortés par nos hôtes Jean-Marie et Elodie. L’ambiance est formidable, les lasagnes sont roboratives.

Jour 2 : Livinhac – Figeac

Nous repartons le matin après un très bon petit déjeuner. Bon, nous quittons le gîte sans chaussures et bâtons mais Jean-Marie, qui a l’habitude, nous rattrape aussitôt.

La chaleur de 32° est encore plus importante et la route de 24 kms comporte beaucoup de chemins goudronnés ; mais quels beaux sous-bois ! Nous nous arrêtons souvent pour boire. Nous mangeons nos barres et notre pomme vers 13h30 dans un coin d’ombre. Les marcheurs rencontrés souffrent ! Nous croisons deux couples qui espèrent arriver à Compostelle pour la fin Octobre. Nous arrivons à Figeac à 17h30. Notre hôte est seule à s’en occuper. Nous retrouvons deux dames de Livinhac et faisons la connaissance de Sonia et Charles. Elle vient d’Agen. Il est canadien, du Nouveau Brunswick et vient de perdre sa femme. Le chemin est pour lui une manière de retrouver un sens à sa vie. Nous croiserons tous les jours des pèlerins attachants, avec qui nous ferons un bout de route. Le repas se compose de lasagnes. A croire que les hôtes se sont donnés le mot. La mousse au chocolat est bonne. Pour le pèlerin du XXIème siècle, le repas à l’étape est essentiel. Il stimule le lien verbal entre les êtres.

Jour 3 : Figeac – Béduer

L’étape, annoncée pour 15 kms, en fait bien 19. Nous arrivons chez Sophie vers 16h30. Notre chambre est en fait située dans une sorte de cabane de bois qui se voudrait mobil-home, basse de plafond, vieillotte.  Nous partageons la cabane avec Patricia qui parle beaucoup, beaucoup.. Béduer est un minuscule village dont l’unique intérêt est d’être la bifurcation entre la voie normale (GR65) et la voie du Célé qui rejoindra le GR à Cahors.

Jour 4 : Béduer – Cajarc

Coluche a commis une erreur ! Cajarc ne se trouve pas dans l’ Aveyron mais dans le Lot. L’étape a été très longue à cause de la chaleur. 24 kms sous 31°. Si vous avez atteint Cajarc, c’est que vous avez vaincu le causse et son « cagnard ». Le cagnard, pour les incultes du nord de la Loire, c’est quand le soleil a décidé de vous faire cuire sans vous demander votre avis. Nous retrouvons Patricia et Charles, croisés aux étapes précédentes. Nous logeons dans un drôle d’hôtel rural et nous endormons de bonne heure. Pour celui qui n’a jamais péleriné ou simplement randonné, quelles que soient les habitudes de coucher et de lever habituelles, vous vous endormez comme une souche à 21h30 et vous levez à 7h30. Bien entendu, la douche est prise la veille au soir et on n’y revient plus.

Jours 5 & 6 : Béduer – Limogne et Limogne – Lalbenque

Marc avait cru malin de tenter l’expérience Camping municipal à Limogne. Perdu ! Les gérants ne sont pas là, l’espèce de tente de centurion qui nous est affectée (relisez Astérix) est criblée de micro – trous dans lequel s’engouffre toute la nuit un air à 8°. Le repas servi est du taboulé en boîte ainsi qu’une pauvre paupiette qui a l’air de s’excuser de se trouver dans notre assiette. A oublier.

Le lendemain, après avoir effectué notre ravitaillement de barres de céréales à la supérette de Limogne, nous nous dirigeons vers Lalbenque. Lalbenque est typique de la situation géographique de plusieurs de nos étapes : habitat construit sur une haute colline destinée à rendre plus difficile la prise de la ville.

Nous croisons Philippe, à qui Lili avait réussi à donner sa soi-disant paupiette du repas du camping et qui, conséquemment, fait de nombreux arrêts dans les buissons. Nous rencontrons une marcheuse/coureuse à bâtons de marche qui fait de la compétition et rejoint le camping-car de son mari. Elle est un exemple des multiples motivations rencontrées sur le chemin. Pèlerins, randonneurs, trekkeurs, clients d’un voyagiste qui les dépose sur un point du chemin, les raisons de « faire » le chemin sont multiples. Pour notre part, nous rencontrons un certain nombre de pèlerins brisés par le monde moderne, ayant fait l’objet d’un burn-out et recherchant le sens de leur vie et beaucoup de jeunes ayant achevé leurs études et désirant marcher jusqu’ à Compostelle avant de plonger dans la vie active.

Jour 7 : Lalbenque – Cahors

Nous démarrons après que notre hôte nous ait ramené sur le chemin. Le temps est gris et bientôt il pleut. Nous devons enfiler nos capes de pluie. Le chemin est très beau mais il monte beaucoup et ne semble jamais descendre. Finalement la descente sur la bonne ville de Cahors arrive et elle est vertigineuse – 20% sur plus d’un kilomètre. La vue sur la ville est splendide. Sur le pont Louis-Philippe se trouve l’ancien octroi de la ville à l’intérieur duquel deux dames offrent des boissons chaudes ou froides aux pèlerins qui arrivent. Elles tamponnent nos crédenciales et nous indiquent le chemin jusqu’à notre gîte. Le lendemain, avant de quitter Cahors, nous traversons le marché. C’est l’occasion de nous intéresser aux spécialités locales ainsi qu’au vin de Cahors. Nous en faisons mettre de côté pour notre retour !

Jour 8 : Cahors – Trigodina

Marc avait prévu une étape très courte de 10 kms en raison du tracé de la sortie de Cahors. Il avait bien fait. Passant sur le pont Valentré, nous attaquons une montée vertigineuse faite de marches taillées dans la pierre de hauteurs inégales de 30 à 40 cm, surplombant le vide sans garde-corps. Suit une très longue montée dans les feuillus avant d’arriver sur une portion longeant les routes très fréquentées. Nous nous arrêtons à midi pour notre pause Pommes/barres de céréales. Nous repartons, traversant Labastide-Marnhac, superbe village doté d’un château. Nous arrivons de bonne heure dans une ferme aux très beaux bâtiments. Nous dînons dehors autour d’une très grande table ronde et terminons la soirée à l’intérieur autour d’un piano, chantant des chansons que Rémy, notre hôte, nous distribue.

Jour 9 : Trigodina – Moncuq 

Moncuq, autre colline, nous accueille après une étape très belle. Nous commençons la journée par des chemins magnifiques jusqu’à Lacassagne où nous nous asseyons à la buvette du village. Les maisons sont bien rénovées mais les villages paraissent sans vie. C’est souvent le cas dans ce coin de France, touché par le suicide national, saigné par la première guerre mondiale. Le pays s’est arrêté de vivre et s’est enfoncé dans une terrible dépression dont il peine à sortir un siècle plus tard. 

Au gîte, nous retrouvons Benoît, arrivé la veille à Trigodina bien épuisé, un couple pas gai et…les lasagnes.

Jour 10 :  Moncuq – Lauzerte

Compte – tenu de la forte chaleur, nous avons prévu de partir tôt. Lili panique car elle n’a plus qu’une chaussure. Nous retrouvons l’autre dans le jardin, mâchouillée par le chien de la maison. Le paysage est moins caillouteux, plus agricole. Nous longeons de nombreux vergers de pruniers. Nous arrivons à Montlauzun en fin de matinée mais le chemin ne passe pas par le village et la chapelle Ste Juliette vantée par nos hôtes. Curieux. Peut-être une volonté de la municipalité de ne pas attirer de pèlerins dans le village ? Il fait très chaud. Nous nous arrêtons pour manger une banane devant un panneau annonçant notre arrivée dans le Tarn-et-Garonne. Les chemins creux se suivent, les montées aussi jusqu’ à la descente dangereuse et équipée d’une rampe avant Lauzerte. Nous profitons souvent d’un coin d’ombre pour boire car il fait maintenant 35°. Nous finissons par apercevoir Lauzerte perchée sur un Pech (c’est le nom que les locaux donnent aux pitons sur lesquels ils bâtissent leurs communes). Bien entendu, au pied de Lauzerte, il faut remonter ! Nous recevons un très bon accueil de la part de Corinne. Elle est carrée et organisée. Nous retrouvons Olivier et Gwenaëlle de St Lô ainsi que des lyonnais. Lili sort faire des photos dans le village avant l’apéro du pays et le repas. Sauté de poulet. L’ambiance est excellente mais bruyante car nous sommes seize ! Corinne a lavé et séché le linge de tout le monde. Nous repartirons propres.

Jour 11 : Lauzerte – Durfort Lacapelette

Tout le monde s’est donné le mot pour nous réveiller à 5h45. Les conversations vont bon train. Les randonneurs déjà partis ont joué les rapaces sur le gâteau en laissant une tranche et deux entames pour 4. Le ciel est très lourd. En une heure nous sommes à la chapelle St Sernin, très belle et très dépouillée. Nous passons devant un très beau grenier carré, érigé sur des piliers de pierre. Nous arrivons à 12h au village de Durfort qui n’en est pas vraiment un puisqu’ en dehors de la mairie, le bâti est bien maigre. Durfort est en cela un village typique du Quercy blanc, avec un habitat très dispersé comportant de nombreuses fermes et hameaux. Le centre administratif de la commune ne comporte même pas d’édifice religieux. Les 5 chapelles sont égaillées dans la campagne alentour : St Hubert, St Paul, St Martin, St Simplice et St Hilaire. La géographie des gîtes De Durfort est à l’image de l’habitat. La plupart des hébergements se trouvent à une portée d’arbalète du chemin. En attendant de reprendre la route, nous nous attablons devant un perrier pour Marc et un coca pour Lili, bons moyens pour nous permettre de récupérer. En repartant, nous attaquons une belle montée goudronnée puis nous éloignons du GR pour rejoindre la ferme de La Bayssade, terme de notre étape. Nous garderons un bon souvenir de cette étape. Nous avons fait une photo de Colette, réservée mais en même temps attentive à l’autre.

Jour 12 : Durfort – Lacapelette – Moissac

Il fait très beau et la chaleur arrive vite. Après 19 kms, nous arrivons dans les faubourgs de Moissac et c’est moche ! Nous passons par l’abbatiale qui est de toute beauté mais visiblement, la ville n’est pas entretenue, nombre d’immeubles sont décrépis, les volets prêts à se décrocher etc... Notre gîte est tenu par Agnès, pète-sec, se voulant irréprochable. En tous cas, elle plombe l’ambiance et contribuera à nous faire oublier rapidement cette étape.

Jour 13 : Moissac – Auvillar

Encore une très belle journée avec une marche abritée du soleil par le canal des 2 mers puis le canal de Golfech. Nous méditons au fil de l’eau et des écluses. Le paysage est apaisant, reposant jusqu’ à ce que nous traversions la Garonne à Espalais et là, c’est le drame ! Marc perd la semelle d’une de ses chaussures de marche. Le ciel lui tombe sur la tête. Lili effectue une réparation provisoire avec de la ficelle. Ça tient un moment mais avant la montée vers Auvillar, il doit mettre ses sandales. Je dois faire ici une digression pour vous dire que tout marcheur doit avoir des sandales attachées sur son sac, en principe pour l’étape ; mais aussi en cas d’accident de chaussures ou de pied.

A Auvillar, tout est beau ! Notre gîte est une superbe bâtisse où notre hôte se saisit des chaussures de Marc pour les réparer à la colle Patex. Marc a de gros doutes mais remercie chaleureusement. Nous logeons dans un dortoir avec Todd, un américain de Seattle. A 19h15, le repas, composé de pain de poisson, de poulet basquaise et de pâtes au parmesan nous remonte le moral. C’est une belle étape où nous avons retrouvé Olivier et Gwen, nos saint-lois.

Jour 14 : Auvillar – Miradoux

Evidemment, comme Marc s’y attendait, sa chaussure tient 200m et il doit continuer avec ses sandales. Nous vient alors l’idée de demander à un garagiste de réparer avec de la colle à pneus. Après recherche à l’aide du portable, nous tombons sur le garage Citroën situé avant Miradoux susceptible de réparer. Les commentaires Google sont dithyrambiques. Nous nous promettons de nous y arrêter. Les paysages sont beaux et changeants. Nous venons d’entrer dans le Gers. Nous passons St Antoine d’Arratz à la très belle église et tout le monde demande à Marc des nouvelles de sa chaussure ! A 15h30, nous sommes chez Citroën où le garagiste répare la chaussure aussitôt et refuse d’être payé. Nous grimpons dans le village où nous arrivons dans le gîte de Chrystèle. C’est beau et reposant. Elle est très accueillante et, l’ensemble des couchages étant déjà pris, elle nous octroie pour le même prix un charmant studio à l’écart dans le village.

Le lendemain, nous faisons nos adieux à Chrystèle et Jean-Clément qui ne veulent plus nous quitter. Quelque chose s’est passé.

Jour 15 : Miradoux – Lectoure

Nous cheminons dans la fraîcheur jusqu’ à Castet – Arrouy où nous faisons une pause puis repartons en marchant bon train. La chaleur monte et nous sommes au soleil. Nous nous arrêtons juste avant Tarissan pour manger chacun 2 yaourts fermiers. Nous arrivons à Lectoure après une grosse montée. Nous faisons le tour du village avant de nous diriger vers notre chambre d’hôtes. Lili fait des photos – beaucoup – et Marc aussi – un peu. L’hôtesse est antiquaire et nous dirige vers notre chambre d’hôtes, superbe, à l’étage. Ne faisant pas elle-même le repas, elle nous conseille un restaurant où nous ne sommes pas déçus. Dînant dans un patio, la vue sur les Pyrénées est extraordinaire.

Jour 15 : Lectoure – La Romieu

Départ 8h40. Dans la descente de Lectoure, nous faisons des photos des Pyrénées. Il fait 8°. On enfile les polaires. A Marselan, à 9kms de Lectoure, nous nous restaurons. Chose improbable, Lili trouve des bouchons de bâtons pour Marc qui a perdu les siens. Après un siècle de marche sous le soleil, nous entrons dans un magnifique bois où nous trouvons pour la première fois des pièges à palombes. Nous arrivons à La Romieu par un magnifique jardin – parc à l’anglaise, longeant la collégiale. Comme son nom l’indique, La Romieu, c'est-à-dire Le Pèlerin, fut autrefois une importante halte de jacquets.

Jour 16 : La Romieu – Condom

Léon et Gyslaine, nos hôtes, sont charmants. Léon est allé chercher le pain frais, les croissants et Gyslaine sort les confitures maison et le yaourt de brebis. Un régal ! Il est 8h45 losque nous nous séparons. Vers midi, nous passons à la chapelle Ste Germaine où nous rencontrons Jacques qui fait l’accueil à la cathédrale de Condom et nous demande d’y venir. La chapelle est un très bel endroit. Poursuivant notre chemin, nous rencontrons des retraités anglais qui se posent sur le bord du fossé pour regarder religieusement les funérailles d’Elisabeth II sur leur I Pad. Nous arrivons à Condom, à l’ancien carmel à 14h juste pour l’ouverture. C’est un très bel endroit. Les chambres sont les anciennes cellules des carmélites, très simples. 

Après la douche, nous allons faire un tour dans Condom où tout ou presque, est fermé. Nous nous dirigeons alors vers l’accueil pèlerins et retrouvons Jacques en compagnie de Maïté et Suzie. Jacques nous montre un tableau représentant la mort de Joseph, ce qui est rarissime. Dans Condom, avisant l’unique café ouvert, nous prenons l’apéro avec Gwen et Olivier autour d’un petit blanc du pays, fort acceptable ma foi.

Le lendemain, nous sommes les seuls à continuer et nous avons du mal à partir. Photos, échange d’adresses et nous voilà retrouvant notre chemin.

Jour 17 : Condom – Montréal du Gers

Après un arrêt chez le pharmacien, nous traversons la Baïse puis faisons un détour pour visiter Larresingle, la petite Carcassonne du Gers. Nous ne nous arrêtons ensuite que pour notre pomme et des photos. Nous ne sommes pas en avance. Nous arrivons à Montréal à 15h50. Sans le vouloir, nous avons fait du 4kms/h. Montréal est une très belle petite bastide construite il y a 700 ans, avec de belles maisons et une très belle place centrale. Nous sommes accueillis par un sonore « bonjour biloute » venant de Vincent, l’hospitalier, originaire de Bruges. On ne dira jamais assez l’importance vitale dans les gîtes des hospitaliers sans lesquels certains hôtes crouleraient sous le travail et baisseraient les bras en fin de saison. Apéritif à 19h. Enfin un gîte qui l’offre. Vin blanc très frais avec du pamplemousse. La soirée est très sympathique avec un Vincent survolté qui joue le trublion. Nous sommes dix et la tablée ri et chante jusqu’ à 21h45, chose rare dans un gîte. Musique, chanson de Compostelle, réflexions philosophiques sur le sens de la vie, tout est réuni pour une soirée inoubliable.

Jour 18 : Montréal du Gers – Eauze

Après nos adieux à Anita et Vincent, nous commençons à marcher au milieu des vignobles. Puis, après 2 ou 3 kms, nous empruntons l’ancienne voie de chemin de fer qui venait de Condom et conduisait à Eauze. Nous marchons sous les frondaisons. C’est beau et assez facile. A Lamothe, nous dégustons notre sandwich et restons à côté d’une petite église où un monsieur chante et prie seul. C’est beau !

Nous arrivons à Eauze vers 14h50. On prend un pot, on achète une bouteille d’Armagnac qui pèse lourd et découvrons le gîte où nous serons seuls ce soir. Cela va nous changer ! L’hôtesse, Muriel, dénigre le gîte de Montréal et le lendemain, n’est pas là pour nous accompagner. Un autre gîte à oublier.

Jour 19 : Eauze – Nogaro

Nous n’avons pas revu l’hôtesse. Nous remontons dans le centre de Eauze et nous arrêtons au marché acheter du saucisson et du fromage. Le paysage change. Même si nous marchons dans les vignes, le terrain est plus accidenté et très varié. Nous nous trompons de route plusieurs fois. Nous arrivons à Manciet à 12h où nous dégustons notre saucisson et notre fromage. Manciet est le premier village du chemin où nous rencontrons cette sorte d’arènes peu hautes propres à organiser des jeux landais. Bien plus basses que les arènes du Sud-Est qui voient se tenir les courses camarguaises où s’affrontent taureaux et razeteurs vêtus de blancs. 

Après avoir repris notre marche et avoir transpiré beaucoup, nous entendons d’abord et voyons beaucoup plus tard Nogaro, capitale des essais mécaniques.

Jour 20 : Nogaro – Lellin – Lapujolle

D’ici à Aire sur l’Adour, nous traversons un étrange terroir où les villages, au sens où nous l’entendons ont disparu. On a créé des communes à la révolution à partir d’hameaux épars agrégés pour les besoins administratifs, érigeant une mairie ici, laissant une ou deux églises là et les habitants égaillés au milieu du territoire.

Après 9 kms, nous avisons à Arblade-le-haut  (autre création de la Révolution), un Donativo où nous prenons un rafraîchissement. En voie de disparition sur le Chemin, un Donativo est un lieu, hébergement ou simple halte, où le pèlerin donne ce qu’il veut. Bien entendu, il ne s’agit pas d’en profiter pour faire des économies ! En avance, nous décidons de saucissonner à 2 kms de notre gîte où nous arrivons à 13h50. A 14h30, l’hôte arrive et nous nous reposons jusqu’au repas. Les autres pèlerins arrivent. Nous finirons à 8 à table. Après un repas sympathique, nous filons nous coucher. Nous avons conscience que demain est le dernier jour et le moral est en berne.

Jour 21 : Lellin – Lapujolle – Aire sur l’Adour

Le beau temps se gâte rapidement et nous faisons tout le trajet sous une très forte pluie. Nous ne nous arrêtons qu’aux portes d’Aire sur l’Adour où nous mangeons une plancha dans une zone industrielle. Nous repartons pour notre gîte où nous arrivons évidemment trop tôt et nous allons mettre des cierges à l’église Ste Quitterie. Alejandro, notre hôte, pèlerin lui-même, ouvre avant l’heure étant donné la météo et c’est réchauffés que, la pluie ayant cessé, nous pouvons ressortir acheter du Floc de Gascogne.

Le lendemain, nous attendons la navette qui nous ramènera à Conques, le cœur lourd de devoir rentrer ; mais pour mieux revenir sur le chemin ! 

 

Par la Rédaction

 

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